Introduction

Le commerce est une question d’actualité alors que les pays cherchent à récolter les bénéfices potentiels de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Encore en cours de négociation, la ZLECAf vise à soutenir les efforts de l’Union africaine pour transformer, développer et intégrer l’économie africaine. L’accord de la ZLECAf ne contient aucune disposition relative au travail. Les syndicats ont fait pression pour l’inclusion de dispositions relatives au travail dans l’accord en influençant les négociations, en particulier au niveau national, car le ZLECAf est un accord piloté par les membres et au moins deux tiers des négociations devraient se dérouler au niveau national.

La CSI-Afrique aide les syndicats à développer une présence et une voix actives sur les questions commerciales dans leurs pays. Le plaidoyer syndical en faveur du ZLECAF s’appuie sur des recherches qui soulignent directement la nécessité de motiver les dispositions relatives au travail et d’inciter les pays à s’engager dans le dialogue social. Cependant, la principale préoccupation est que de nombreux pays ont tendance à protéger leur espace politique et manquent de mécanismes reconnus pour le dialogue social. Seuls 30 % des pays africains disposent de tels mécanismes. Nous examinons ici le cadre de base des négociations commerciales en Afrique du Sud et les points d’entrée permettant aux syndicats de s’engager par le biais de mécanismes de dialogue social reconnus.

« Si nous ne pouvons pas influencer notre gouvernement national, alors nous avons gaspillé notre principale opportunité d’influence. »

L’approche sud-africaine

L’Afrique du Sud adopte une approche institutionnelle et inclusive des négociations commerciales. Au niveau national, il existe des institutions clés, dont le Conseil national du développement économique et du travail (NEDLAC) est le chef de file. Le NEDLAC est composé de représentants de la société civile, des entreprises, des syndicats et du gouvernement. Ce mécanisme est conforme à l’engagement en faveur de la démocratie participative, un principe fondamental inscrit dans la Constitution. Au sein de cette structure globale, plusieurs chambres nationales traitent des différents aspects de l’élaboration des politiques et des négociations commerciales, certaines se consacrant au développement, aux finances, à l’établissement des budgets publics et aux industries vertes. Chacune de ces chambres joue un rôle différent dans l’orientation des négociations commerciales.

Le rôle de la chambre de commerce et d’industrie – Équilibrer les priorités commerciales

Le Comité technique de liaison sectorielle (TESELICO), qui réunit le gouvernement, les entreprises et la société civile, joue un rôle clé au sein de la chambre de commerce et d’industrie. Le comité évalue et améliore les accords commerciaux entre l’Afrique du Sud et ses partenaires commerciaux.

L’un des défis des négociations commerciales consiste à trouver un équilibre entre la réduction des droits de douane pour permettre des importations moins chères et la garantie d’un accès au marché pour des objectifs d’exportation ambitieux. Atteindre cet équilibre n’est pas une mince affaire, car les discussions tournent autour de l’identification des industries stratégiques pour les concessions tarifaires. La ZLECAf, par exemple, prévoit des réductions tarifaires sur 90 % des lignes tarifaires existantes. Toutefois, ces réductions ne sont pas uniformes, 7 % pouvant être introduits progressivement et 3 % faisant l’objet d’exclusions. Ces exclusions seraient cruciales pour protéger les industries naissantes d’importance stratégique pour l’Afrique du Sud.

Défis pour l’union douanière commune

Les négociations commerciales requièrent une approche globale tenant compte de la génération de revenus et de la croissance économique durable. Toutefois, un problème important se pose lorsque les partenaires de l’union douanière donnent la priorité aux recettes tarifaires plutôt qu’au développement industriel. Cela soulève des questions d’ordre moral quant au fait de se concentrer uniquement sur la génération de revenus au détriment du développement industriel local. Il devient impératif d’examiner de près l’expertise et les détails des plans conjoints proposés.

L’importance des plans directeurs

La définition des structures tarifaires est un aspect essentiel des négociations commerciales, qui nécessite un examen approfondi des industries et de leurs composantes. L’Afrique du Sud utilise des plans directeurs et des feuilles de route détaillées qui dissèquent les différentes industries comme stratégie de développement industriel. Ces plans analysent des facteurs tels que la maturité de l’industrie, les niveaux de productivité, les incitations gouvernementales et autres, afin d’identifier les domaines dans lesquels des concessions sont possibles pour abaisser les droits de douane. Les plans directeurs constituent une base solide pour les accords commerciaux fondés sur la viabilité économique et les objectifs stratégiques.

Étude de cas: L’industrie de la volaille

L’industrie de la volaille est une étude de cas remarquable dans la stratégie de négociation commerciale de l’Afrique du Sud. Dans un pays où le taux de chômage et la pauvreté sont élevés, la volaille est la principale source de protéines. Le plan directeur de l’Afrique du Sud s’intéresse à l’industrie de la volaille, en capitalisant sur la demande de « viande sombre » provenant des cuisses et des pattes des poulets. Cette demande contraste avec la préférence européenne pour la « viande blanche ».

« En y regardant de plus près, un accord commercial mutuellement bénéfique est apparu clairement. L’Afrique du Sud pourrait exporter de la viande blanche de poitrine vers l’Europe et importer du poulet noir. Les deux pays bénéficieraient de cet arrangement, créant ainsi un scénario gagnant-gagnant. Il convient de noter que cette attention portée aux détails dans les accords bilatéraux reflète les principes qui s’appliquent aux accords continentaux, parfois liés à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cette approche garantit que les accords commerciaux sont complets, équitables et profitent à toutes les parties ».

~ Tony Ehrenreich, secrétaire régional du Cap occidental du Congrès des syndicats sud-africains (COSATU).

S’adapter à un paysage mondial en mutation

Il est essentiel pour la croissance et le développement de l’Afrique de s’adapter à un paysage mondial en mutation. L’évolution du paysage économique mondial, la modification des rapports de force et les changements potentiels de la monnaie de réserve mondiale obligent les pays africains à s’engager avec de nouveaux partenaires commerciaux, tels que les BRICS, et à réimaginer les régimes commerciaux en vue d’un développement équitable. Les pays peuvent saisir les opportunités du commerce international en gérant efficacement ces changements.

Actions syndicales possibles dans le cadre des négociations de la ZLECAf

  • Exiger des mécanismes de dialogue social. Le négociateur commercial le plus efficace comprend l’économie politique dans son pays et dans les autres États membres.
  • Articuler les préoccupations sectorielles
  • Jouer un rôle de suivi et d’examen
  • Développer sa propre capacité à s’engager efficacement
  • Construire des alliances pour avoir de l’influence

 

Lire:

Une perspective institutionnelle sur l’état de préparation du Nigéria à la mise en œuvre de la ZLECAf

 

 

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