Cinquante-quatre États membres de l’Union africaine (UA) ont signé l’accord sur la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) (seule l’Érythrée ne l’a pas fait) et 47 l’ont ratifié. À l’heure actuelle, les parties non étatiques sont le Bénin, l’Érythrée, le Liberia, la Libye, Madagascar, la Somalie, le Sud-Soudan et le Soudan.
L’article 7 du protocole de la ZLECAf sur le commerce des marchandises explique comment le régime du commerce des marchandises de la ZLECAf fonctionnera :
- Les États parties éliminent progressivement les droits d’importation sur les marchandises originaires du territoire de tout autre État partie, conformément à leurs listes de concessions tarifaires.
- Ils n’imposent pas de nouveaux droits ou taxes à l’importation ayant un effet équivalent sur les marchandises originaires du territoire de tout autre État partie.
Pour que cette disposition soit mise en œuvre et que le régime de commerce des marchandises de la ZLECAF soit correctement lancé, les pays participants doivent négocier et adopter des listes définitives de concessions tarifaires conformes aux modalités de négociation de la ZLECAF et promulguées au niveau national. Le processus d’adoption formelle implique l’Assemblée de l’UA. Ces États doivent également être prêts sur le plan douanier.
Il doit y avoir des obligations claires pour garantir des avantages réciproques et mutuellement avantageux. Selon l’article 1 du protocole de la ZLECAf sur le commerce des marchandises:
La « liste des concessions tarifaires » est une liste de concessions tarifaires spécifiques négociées et d’engagements pris par chaque État partie. Il énonce, de manière transparente, les termes, conditions et qualifications selon lesquels les marchandises peuvent être importées dans le cadre de la ZLECAf. (C’est nous qui soulignons.)
Les listes tarifaires individuelles de la ZLECAF indiqueront comment les droits de douane seront éliminés en ce qui concerne les marchandises qui bénéficieront d’un traitement préférentiel en termes de règles d’origine applicables de la ZLECAF. Les règles d’origine convenues représentent actuellement 92,3 % de toutes les lignes tarifaires. Les lignes tarifaires les plus importantes concernent le textile, l’habillement et l’automobile.
Les accords de libre-échange et les unions douanières des communautés économiques régionales (CER) existantes continueront à fonctionner, y compris pour le commerce préférentiel des marchandises dans le cadre de leurs propres instruments juridiques. Les concessions tarifaires de la ZLECAF s’appliqueront, en principe, dans les cas où les préférences de la ZLE des CER ne sont pas utilisées dans le commerce intra-africain des marchandises. Toutefois, le choix du régime préférentiel à utiliser reviendra en fin de compte aux parties privées qui exportent et importent des marchandises en provenance et à destination d’autres marchés du continent.
Jusqu’à présent, les offres tarifaires ont été faites de manière unilatérale; elles ne sont pas le résultat de négociations sur la base de concessions mutuelles. Quarante-cinq listes provisoires de concessions tarifaires ont été soumises et vérifiées par le secrétariat de la ZLECAF comme étant conformes aux modalités de négociation. Djibouti, la Libye, le Mozambique, la Somalie, la République sahraouie et le Soudan doivent encore soumettre leurs offres tarifaires.
Les secteurs prioritaires pour l’industrialisation dans le cadre de la ZLECAf sont l’automobile, les produits pharmaceutiques, le transport et la logistique, ainsi que l’agro-industrie. On s’attend généralement à ce que les accords/zones économiques spéciales jouent un rôle important dans les futurs plans d’industrialisation des États parties. Les modalités exactes de leur fonctionnement et les incitations gouvernementales acceptables doivent encore être finalisées. L’intention est que les produits bénéficiant d’arrangements ou de zones économiques spéciales soient soumis à des réglementations élaborées par le Conseil des ministres. Le commerce des produits fabriqués dans des zones ou arrangements économiques spéciaux au sein de la ZLECAF sera soumis aux dispositions de l’annexe 2 sur les règles d’origine.
Les négociations sur le commerce des services sont en cours. Les lignes directrices pour l’élaboration de listes d’engagements spécifiques et d’un cadre de coopération réglementaire pour le commerce des services ont été adoptées en 2019. L’Assemblée a déjà adopté 22 listes, dont 5 ont été publiées (Burundi, Kenya, Ouganda, Tanzanie et Rwanda) et 17 listes d’engagements spécifiques des États parties dans les cinq secteurs prioritaires (services aux entreprises, services de communication, services financiers, services touristiques et services de transport) qui n’ont pas encore été publiées.
Ces négociations se poursuivent. Des travaux sur l’élaboration de cadres réglementaires dans les cinq secteurs prioritaires sont également en cours, afin de compléter les listes d’engagements spécifiques. Le Secrétariat souhaite étendre l’initiative de commerce guidé au commerce des services (GTiS), conformément à la directive émise lors de la 10e réunion du Conseil des ministres de la ZLECAf.
Le protocole sur l’investissement de la ZLECAf a été adopté par la 36e session ordinaire de la Conférence de l’UA en février 2023, sous réserve de la révision des articles 19 et 21. (Ils traitent de l’expropriation et des différends.) Lors de la 17e session extraordinaire de la Conférence de l’UA tenue à Niamey en novembre 2022, il a été convenu de conclure les négociations sur les protocoles relatifs au commerce numérique et aux femmes et aux jeunes dans le commerce d’ici à juillet 2023. Les négociations sur ces protocoles ont apparemment été achevées et adoptées lors de l’Assemblée de l’Union africaine en février 2024.
Des progrès ont également été réalisés en ce qui concerne le protocole sur le commerce numérique, mais la formulation de l’article 5 (règles d’origine) et de l’article 6 (droits de douane) reste en suspens. Pour le protocole sur les droits de propriété intellectuelle, les annexes sur les DPI spécifiques doivent être négociées. Le protocole sur la politique de concurrence est apparemment terminé.
Le commerce des marchandises a commencé dans le cadre de l’initiative de commerce guidé de la ZLECAf. Cet arrangement n’est pas prévu dans l’accord de la ZLECAf et dispose donc de sa propre base juridique, à savoir la directive 1/2021 du Conseil des ministres de la ZLECAf.
Lire:
12 recommandations pour garantir un travail décent aux femmes et aux jeunes dans la ZLECAf
Gerhard Erasmus
Gerhard Erasmus est l'un des fondateurs du Trade Law Centre (TRALAC). Il a été consultant pour des gouvernements, le secteur privé et des organisations régionales en Afrique australe et a participé à la rédaction des constitutions d'Afrique du Sud et de Namibie.