Une récente communication du Secrétariat de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) aux États membres de l’Union africaine (UA) indique que, pour faciliter l’initiative de commerce guidé (GTI), ils doivent « domestiquer » le cahier tarifaire électronique de la ZLECAF, le certificat d’origine de la ZLECAF et adopter le manuel des règles d’origine. Cette communication explique clairement ce qu’est la ZLECAf. Il est important de noter ce qu’il n’est pas demandé aux gouvernements concernés de faire ; rien n’est mentionné à propos d’un marché unique. La raison en est évidente : la ZLECAF est une zone de libre-échange (ZLE) et non une union douanière (UD).
Tout d’abord, une brève explication du GTI et de sa place dans le schéma de la ZLECAf. Alors que le commerce préférentiel dans le cadre de la ZLECAf ne peut véritablement commencer qu’une fois que les négociations difficiles sur les concessions tarifaires et les règles d’origine sont finalisées, une « phase pilote » de la ZLECAf a été lancée en octobre 2022 sous la forme de l’ITG. L’accord sur la ZLECAf ne mentionne pas l’accord général sur le commerce (AGC). Il a sa propre base juridique, qui est une décision du Conseil des ministres de la ZLECAf. Une fois que la ZLECAf sera pleinement opérationnelle, l’initiative technologique globale deviendra superflue.
L’objectif premier de l’initiative technologique mondiale est de tester l’environnement opérationnel, institutionnel, juridique et de politique commerciale dans le cadre de la ZLECAf. Huit États parties y participent actuellement: Le Cameroun, l’Égypte, le Ghana, le Kenya, l’île Maurice, le Rwanda, la Tanzanie et la Tunisie. D’autres, dont les listes provisoires de concessions tarifaires ont été vérifiées, peuvent s’y joindre. Au moins 96 produits peuvent faire l’objet d’échanges entre les pays participants, notamment les carreaux de céramique, les piles, les produits horticoles et les fleurs, les avocats, l’huile de palme, le thé, le caoutchouc et les composants des climatiseurs. L’initiative sera élargie pour inclure davantage de produits et de participants. Une initiative de commerce guidé pour le commerce des services doit être lancée prochainement.
La ZLECAf établit un accord commercial préférentiel sous la forme d’une zone de libre-échange (ZLE). Selon l’article XXIV de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), une ZLE:
s’entend d’un groupe de deux ou plusieurs territoires douaniers dans lesquels les droits de douane et autres réglementations commerciales restrictives… sont éliminés sur la quasi-totalité des échanges de produits originaires de ces territoires entre les territoires constitutifs.
Les règles d’origine sont essentielles au fonctionnement d’un ALE, car seules les marchandises originaires d’un État partie peuvent bénéficier des préférences tarifaires convenues.
Dans une union douanière, il n’y a pas de règles d’origine ; il s’agit d’un territoire douanier unique. Selon l’article XXIV du GATT, une union douanière:
s’entend de la substitution d’un seul territoire douanier à deux ou plusieurs territoires douaniers, de telle sorte que les droits de douane et autres réglementations commerciales restrictives… soient éliminés pour l’essentiel du commerce entre les territoires constitutifs de l’union ou du moins pour l’essentiel du commerce des produits originaires de ces territoires, et… que des droits de douane et autres réglementations commerciales substantiellement identiques soient appliqués par chacun des membres de l’union au commerce des territoires non compris dans l’union.
Les différences entre une union douanière et une zone de libre-échange sont importantes. Elles concernent le degré d’intégration entre les États parties et la nature des obligations associées. Dans une ZLE, les États parties individuels bénéficient des avantages du commerce préférentiel de marchandises conformes à des règles d’origine spécifiques. Ces marchandises doivent provenir des autres parties à l’ALE en question.
Les parties à l’ALE conservent une marge de manœuvre en ce qui concerne le commerce avec les tiers et la manière d’utiliser les tarifs d’importation pour mettre en œuvre des politiques nationales dans des domaines tels que l’industrialisation. Dans une CU, ce type d’action unilatérale n’est pas possible ; le tarif extérieur commun d’une CU exige une prise de décision collective sur les modifications tarifaires par les États membres et des négociations conjointes lors de la conclusion d’accords sur le commerce des marchandises avec des tiers.
Les États ne peuvent pas appartenir à plus d’une UC en même temps, mais ils peuvent appartenir à plus d’un ALE. Le chevauchement des adhésions n’est pas sans complications. La duplication et le respect de normes différentes et de règles d’origine distinctes sont coûteux. Les configurations de membres qui se chevauchent sont très répandues parmi les communautés économiques régionales (CER). L’ajout de la ZLECAf, qui est une zone de libre-échange à l’échelle du continent, et l’adhésion parallèle à la ZLECAf et aux communautés économiques régionales (CER) auront des conséquences supplémentaires en termes de chevauchement des adhésions. La ZLECAF permettra le commerce préférentiel de marchandises entre les États parties qui n’appartiennent pas actuellement à la même ZLE. Tant que la ZLECAf n’est pas opérationnelle, ces pays africains commercent entre eux selon les taux de la nation la plus favorisée (NPF) de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Il convient de noter l’étendue des obligations liées à l’adhésion à une ZLE et à une CU. Dans les deux cas, les droits de douane sur la quasi-totalité des échanges de marchandises doivent être supprimés et la quasi-totalité des « autres réglementations commerciales restrictives » doivent être éliminées. Cette dernière exigence concerne les barrières non tarifaires (BNT). Une meilleure gouvernance commerciale (en ce qui concerne la facilitation des échanges, l’amélioration de l’administration douanière et la suppression des barrières non tarifaires) est probablement le plus grand défi de l’Afrique en ce qui concerne l’intégration économique et la libéralisation du commerce des marchandises. Le succès de la ZLECAf sera, dans une large mesure, mesuré à l’aune de la manière dont elle fera progresser la gouvernance en matière de facilitation des échanges.
De nouveaux accords commerciaux préférentiels entre les États parties à la ZLECAf sont possibles. L’article 4(3) du protocole de la ZLECAf sur le commerce des marchandises est libellé comme suit:
Aucune disposition du présent protocole n’empêche deux ou plusieurs États parties de s’accorder des préférences visant à réaliser les objectifs du présent protocole entre eux, à condition que ces préférences soient accordées aux autres États parties sur une base de réciprocité.
La ZLECAF souhaite également libéraliser le commerce des services entre les États parties, conformément au protocole de la ZLECAF sur le commerce des services.
En guise de conclusion: Les obligations des États parties à la ZLECAf sont de:
éliminer progressivement les droits de douane et les barrières non tarifaires, libéraliser progressivement le commerce des services, coopérer en matière d’investissement, de droits de propriété intellectuelle et de politique de concurrence, coopérer dans tous les domaines liés au commerce, coopérer en matière douanière et mettre en œuvre des mesures de facilitation des échanges. (Article 4 de l’accord ZLECAf).
Cela se fera par la mise en œuvre des obligations contenues dans les différents protocoles de la ZLECAF et leurs annexes, ce qui relève de la responsabilité des États parties. Ce processus débutera une fois que toutes les questions en suspens sur la table des négociations auront été approuvées.
Ressource connexe:
Guide du protocole de la ZLECAf sur le commerce des marchandises
TRALAC
Le Trade Law Centre NPC (TRALAC) renforce les capacités liées au commerce en Afrique, en aidant les pays à améliorer la gouvernance commerciale et les processus politiques inclusifs afin de garantir que le commerce contribue aux résultats du développement durable.