Justice sociale et emplois décents sur les marchés africains : Travailler ensemble pour renforcer la capacité du mouvement syndical en Afrique à s’engager sur les questions relatives à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
La Conférence syndicale internationale-Afrique (CSI-Afrique), en collaboration avec le Labour Research Service (LRS) et avec le soutien du Trade Union Solidarity Centre of Finland (SASK), travaille à renforcer la capacité du mouvement syndical en Afrique à s’engager sur les questions relatives à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Les syndicats participants en Afrique souhaitent que le travail et la création d’emplois décents fassent partie intégrante de la ZLECAf et de ses processus. En tant que représentants des travailleurs, les syndicats sont des partenaires importants pour ce qui est d’influencer la dimension sociale des résultats commerciaux.
La zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) est entrée en vigueur le 1er janvier 2021. 54 des 55 membres de l’Union africaine ont signé la ZLECAf, qui regroupe 1,2 milliard de personnes au sein de ses frontières géographiques et sera la plus grande zone de libre-échange au monde.
La ZLECAf répond aux aspirations 1, 6 et 7 de l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA), qui vise à « atteindre une Afrique prospère fondée sur la croissance inclusive et le développement durable, une Afrique dont le développement est axé sur les populations, qui s’appuie sur le potentiel de ses populations, notamment celles des femmes et des jeunes, et une Afrique qui agit en tant qu’acteur et partenaire fort, uni et influent sur la scène mondiale« .
La ZLECAf devrait mener à la création d’un marché africain unique des marchandises et des services, faciliter la libre circulation tant attendue des personnes, mobiliser les investissements régionaux et donner l’élan nécessaire à la création d’une union douanière continentale. Il est à espérer que l’accord améliorera la compétitivité régionale et le développement industriel de l’Afrique, qu’il résoudra les problèmes causés par les adhésions multiples et qui se chevauchent à des communautés économiques régionales et qu’il accélérera le processus tant attendu d’intégration régionale et continentale de l’Afrique.
Les contextes nationaux de la mise en œuvre de la ZLECAf sont importants et il sera nécessaire de bien les comprendre. Les syndicats sont particulièrement intéressés par la manière dont la ZLECAf influencera les processus politiques nationaux et affectera l’emploi, les revenus et les moyens de subsistance.
La ZLECAf est par définition un instrument régional et exige que le mouvement syndical soit également en mesure de s’engager aux niveaux national, régional et sectoriel. Les niveaux de développement, d’organisation, de représentation, de gouvernance et d’administration des syndicats varient d’un pays à l’autre et d’une région à l’autre. Cela implique que les partenaires de mise en œuvre doivent être aussi réactifs que possible à ces dynamiques. La société civile, et notamment les syndicats, n’ont toutefois pas une participation adéquate au processus menant à la ratification de la ZLECAf.
Du point de vue des syndicats, il existe une absence flagrante de données de base fiables et d’études d’impact de la ZLECAf. Les syndicats n’ont pas non plus de position politique élaborée et convenue sur la ZLECAf. Si les syndicats en Afrique ne sont pas en mesure de s’engager dans la ZLECAf, il est fort probable que sa mise en œuvre progressive prenne les syndicats au dépourvu, qu’elle puisse saper la législation nationale sur la protection des travailleurs, perturber le marché du travail national, compromettre les acquis organisationnels actuels des syndicats ou limiter leurs possibilités à l’avenir.
La mise en œuvre de la ZLECAf marque un processus qui pourrait bien définir ce dont hériteront les travailleurs, leurs syndicats et leurs dirigeants de demain. Il est donc important que la prochaine génération de syndicalistes soit initiée aux institutions, aux processus et aux possibilités de cet accord commercial à l’échelle du continent.
"Un accord de libre-échange continental nécessite un mouvement syndical continental libre sur le continent."